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BIOMIMETIC : des insectes mangeurs de déchets

Créée en 2017, l’entreprise avignonnaise Biomimetic compte trois salariés. Elle ambitionne de devenir l’un des leaders du développement de solutions de valorisation de biodéchets sur le marché français.

Hermetia illucens ou mouche soldat noir… C’est l’arme radicale utilisée par Biomimetic pour convertir les déchets. « Nous sommes un intégrateur de solutions de valorisation de biodéchets. Nous apportons de l’équipement et des services à nos clients directement sur leur site d’exploitation ou à proximité », explique Damien Sabatier, PDG de Biomimetic.

L’entreprise intervient sur toute la chaine de valeur alimentaire : de la production à la distribution. Biomimetic propose soit un traitement et une valorisation des déchets déportés au travers d’un partenariat avec un tiers collecteur qui exploite leurs solutions, soit un traitement et une valorisation sur place avec du personnel en régie qui se sert de leurs technologies, soit en affermage, c’est-à-dire que l’entreprise intervient directement sur le site d’exploitation.

Biomimetic a des clients industriels partout en France (Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Rhône-Alpes-Auvergne, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur). Ils sont issus de l’industrie agroalimentaire, des groupes coopératifs agricoles, des collecteurs ou des distributeurs. L’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 130 000 euros.

Quel est le process ?

Il existe deux façons de retraiter les déchets : la voie de valorisation (stations de compostage, unités de méthanisation ou bioconversion par l’insecte) et la voie de traitement ultime (plateformes d’incinération et centres d’enfouissement).

Biomimetic utilise la bioconversion par l’insecte ou entomoconversion. L’entreprise possède une couveuse ou ferme à insectes qui permet de produire des mouches soldat noir. Les larves de mouche juvéniles sont positionnées sur les matières à valoriser. C’est l’ensemencement des biodéchets. Les larves vont manger ces biodéchets. Elles font un travail de conversion pendant 15 jours environ.


Sur un dispositif d’incube, on peut détruire une tonne de déchets par mois

« Sur un dispositif d’incube, on peut détruire une tonne de déchets par mois. Chaque tonne produit 200 kilos de larves, 400 kilos de fumier d’insectes. Les 400 kilos restants sont de l’eau, car rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme », explique Damien Sabatier. Biomimetic a actuellement 15 incubes en production. L’entreprise entend en déployer 50 de plus cette année.

Dans ce process, les larves sont récupérées et peuvent être transformées en farine ou en huile pour l’alimentation animale. Quant au fumier d’insectes, il sert de fertilisant biologique.

Un marché en croissance

En France, le ver de farine ou la mouche soldat noir sont les deux insectes qui sont utilisés pour la bioconversion. Il existe entre cinq et dix entreprises dans ce secteur. Quelques centaines de tonnes d’insectes sont produits chaque année dans l’Hexagone.


Nous ne fabriquons pas suffisamment de protéines pour les animaux en Europe. 50% des protéines sont importées

La filière est en train de s’organiser sur un modèle industriel. « Le potentiel de développement est gigantesque. Nous ne fabriquons pas suffisamment de protéines pour les animaux en Europe. 50% des protéines sont importées », souligne Damien Sabatier. De plus, 20 millions de tonnes de biodéchets sont produits par an. Ils sont orientés vers la valorisation (20%), mais surtout vers l’enfouissement ou l’incinération (80%). « Le marché de la bioconversion par l’insecte pourrait donc croître de 25% d’ici 2020 », raconte Damien Sabatier.

Accompagnement de la CCI et développement

« La CCI de Vaucluse nous a aidé dans notre démarche RSE. Grâce à eux, nous avons postulé pour le dispositif Cèdre. Cela nous a permis de bénéficier des conseils d’un consultant RSE pour établir un plan et une politique RSE en lien avec nos activités », explique Damien Sabatier. La CCI a également accompagné l’entreprise dans le cadre de compétences à acquérir et de formations.


La CCI de Vaucluse nous a aidé dans notre démarche RSE

A terme, Biomimetic envisage de devenir le leader sur le développement de solutions de valorisation de biodéchets sur le marché français. Un plan de développement est en train d’être finalisé sur les régions Sud et Occitanie. Pour le mettre en œuvre, Biomimetic va lever des fonds dès cette année.