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Cancer en entreprise : sensibiliser managers et collègues

Plus de 1 000 nouveaux cas de cancer par jour… 400 d’entre eux impactent des personnes en activité. Alors comment accompagner un salarié atteint d’un cancer ? C’est la question à laquelle tente de répondre la Ligue contre le cancer via un PACTE : un Programme Actions Cancer Toutes Entreprises. Les premières à répondre à l’appel de ce PACTE sont la commune de Carpentras et la communauté d’agglomération Ventoux Comtat Venaissin. 110 agents des deux collectivités se sont inscrits pour participer à des ateliers de prévention : soleil, alimentation – hygiène de vie, tabac, cancer de l’utérus et cancer du sein.

« Le cancer est une maladie grave avec des traitements lourds. Il ne faut plus de scission entre le monde de la santé et le monde du travail, mais plutôt créer des ponts, tisser des liens », souligne Gérard Lepeu, oncologue-hématologue. « Il est nécessaire de préparer l’entourage professionnel de la personne atteinte par un cancer pour combattre les représentations nocives », raconte Annick Prioux, psychologue-clinicienne.

Encore un sujet tabou

Les objectifs pédagogiques sont clairement énoncés : « Mieux comprendre la maladie cancer, ses traitements et ses répercussions sur le plan physique et psychologique ; développer des savoir-faire et des savoir-être face aux collègues touchés par la maladie ; orienter les personnes vers les dispositifs sociaux et les relais adéquats », explique Jacques Ségura, en charge du PACTE à la Ligue contre le cancer.

Car le cancer est encore un sujet tabou pour 63% des salariés ayant ou ayant eu un cancer et pour 57% des salariés n’ayant pas été confrontés à la maladie. Les phases de la maladie sont d’autant plus compliquées à gérer. « Il y a la phase de diagnostic : l’annoncer ? Le taire ? Le dire à qui (RH, chef d’équipe, collègue) ? Il y a la phase de traitement : arrêt maladie ou maintien de l’activité ? Quels besoins ? Quelles attentes ? Il y a la phase d’après-traitement : la reprise comme avant ? Temps partiel thérapeutique ? Reclassement ? Licenciement ? Mise en invalidité ? », expose Jacques Ségura. 2 ans après le diagnostic, 79 % des personnes malades avaient repris leur travail, mais c’est très variable suivant les types de cancer. 27 % ont continué à travailler pendant la maladie.

Accompagner le salarié

Comment réagir face à une personne en souffrance ? « Pour accompagner le salarié dans son maintien d’activité ou dans sa réinsertion professionnelle, il est nécessaire d’optimiser la relation d’aide : communiquer efficacement et avoir une attitude empathique (saisir et comprendre le plus exactement possible les références internes et les composantes émotionnelles de l’autre) », souligne Annick Prioux, psychologue-clinicienne.

Et d’ajouter : « L’attitude des collègues dépend bien souvent de l’attitude du manager. Il est important de garder le lien avec le salarié malade sans attendre son retour. Le manager joue un rôle essentiel : il a le pouvoir de réintégrer une personne de façon efficace, de montrer une ligne de conduite aux autres, d’être leur guide. En optimisant son savoir-faire et son savoir-être à l’égard du salarié fragilisé par la maladie, l’entreprise réduira les écueils de la reprise et mettra en avant un climat social apaisé. Le premier jour de la reprise est le moment où l’on réintègre véritablement quelqu’un ou pas. »

12 ateliers

Pour la mairie de Carpentras et la Cove, 12 ateliers sont prévus. « L’employeur a un rôle social. Nous avons décidé d’accompagner les agents, mais également d’accompagner les managers. Depuis 2008, une vingtaine de salariés sur environ 600 ont été touchés par un cancer », déclare Annabelle Taquet, responsable formation à la mairie de Carpentras. Les managers présents à ce premier atelier ont d’ailleurs posé de nombreuses questions, preuve que le cancer interroge : « Quels sont les bons mots à trouver ? Quelle attitude avoir ? », pour Narjisse Vallat, directrice de l’urbanisme, du logement et des affaires juridiques à la mairie de Carpentras. « Pour moi, c’est beaucoup d’émotions à gérer », s’exclame Céline Studler, directrice des démarches administratives. « Jusqu’à quel point peut-on accompagner ? » s’interroge Stéphanie Briffa, directrice adjointe des services techniques. « Comment arriver à détecter le changement de comportement d’un agent ? », pour Pascal Clément, chef de service du centre technique municipal. « Et quand c’est un conjoint d’un agent qui est malade, comment faire ? » insiste Ariane Saitta, chef de service du point jeunesse.

A suivre

Ces ateliers sont duplicables pour la COVE. « Ils pourraient s’étendre à des ateliers plus concernant pour les hommes : le cancer colorectal et le cancer de la prostate. Car pour l’instant, ce sont 90% de femmes qui se sont inscrites à ces ateliers », explique Virginie Meysen, responsable de la formation à la COVE. La Ligue contre le cancer est en train de proposer ces ateliers à d’autres collectivités et à d’autres entreprises… pour toujours faire de la prévention et de la sensibilisation.