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LE GRAND CAFE BARRETTA : retour vers le futur

Napoléon Bonaparte s’est arrêté dans cet illustre lieu avignonnais. La petite histoire raconte même qu’il devrait 60 francs à l’institution. Car dès 1773, se trouvait sur la place Saint Didier le Café Suisse, premier café d’Avignon, qui prit le nom en 1784 de Café Barretta. Les deux frères Barretta en ont fait une institution. Le tout Avignon s’y croise, y débat. L’histoire de la ville s’est écrite aussi ici. Frédéric Mistral y tenait des réunions politiques du temps où il était étudiant. Victor Hugo serait même passé par là et s’inspira d’un sonneur de cloches bossu, prénommé Clément, pour écrire « Notre-Dame de Paris ». Des bagarres entre le parti de l’ordre et les républicains se sont déroulées dans ce lieu. Les royalistes y ont célébré la fête du 15 juillet. La fille Barretta, qui trainait ses guêtres dans l’entreprise familiale, a pris le chemin de la capitale. Blanche Barretta est admise à 12 ans au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. A 19 ans, elle intègre la Comédie française. A 20 ans, elle devient sociétaire. « Le théâtre et le Café Barretta, déjà une histoire d’amour ! », s’exclame Richard Hemin, associé du Grand Café Barretta. Le Café Barretta de l’époque a changé de destination à la fin du XIXe siècle. Il devient un magasin de jouet, Chez Georges, puis une enseigne de mobilier en bois pour jardin et enfin un club de sport.

Frédéric Mistral y tenait des réunions politiques du temps où il était étudiant.

L’histoire d’une rencontre

Fermé depuis 2005 l’endroit ne reprend vie qu’en 2017. « C’est l’histoire d’une rencontre entre Florian Borba da Costa, adjoint en charge du commerce à Avignon, Olivier Ortega, architecte, François Tassan, patron du restaurant L’Ami Voyage, et moi-même, patron du restaurant Le Caveau du Théâtre », souligne Richard Hemin, président du Grand Café Barretta. Et d’ajouter : « Nous nous sommes tous parlés en même temps. Le coup de cœur pour le lieu a été immédiat. Et tout s’est fait très vite. »

Il faut dire que deux hommes se connaissent depuis bien longtemps : François Tassan et Richard Hemin. « Je l’ai connu, il avait 14 ans, j’en avais 27 », raconte les yeux rougis François Tassan, associé du Grand Café Barretta. « J’ai commencé le métier comme apprenti de son père à l’Auberge de France », relate Richard Hemin. Il franchit les étapes en devenant successivement second, puis chef du restaurant L‘Auberge de France qui changea de nom et devint le restaurant des Domaines. Cette histoire commune laisse forcément des traces et on sent un respect mutuel. « François est une personne hypersensible », raconte Richard Hemin. « Richard a beaucoup d’humanité », relate François Tassan.

Un lieu unique

160 fauteuils en intérieur, 120 fauteuils en terrasse, « nous voulons donner de l’espace aux clients. C’est un lieu de vie », explique Richard Hemin. Il y a différents espaces, en extérieur, la terrasse ; en intérieur, un espace ambiance art déco avec un comptoir de plus de 8 mètres de long, un espace canapé, bibliothèque et musique jazz, puis un espace de transition couvert d’un mur de bouteilles de vin et d’une vitre qui donne sur les cuisines du restaurant et enfin une pièce divisée en trois espaces  (la scène, le sol et la mezzanine). « En juillet, la scène a permis des représentations théâtrales. D’ailleurs, cette année, ma belle-fille, Chloé Piedoie, a fait la programmation. 5 pièces se sont jouées ici : La réunification des deux Corées, Lili Kabarett, L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine, Les noces de rouille et Le serpent et la pomme », souligne Richard Hemin. Le reste de l’année, le lieu peut accueillir du cinéma muet, des expositions, des films de voyage, des lectures, etc.

Le reste de l’année, le lieu peut accueillir du cinéma muet, des expositions, des films de voyage, des lectures, etc.

Mais l’endroit est bien évidemment tout d’abord un restaurant. Une quinzaine de personnes participent à la réussite de cette aventure dont le beau-fils de Richard Hemin, Kevin Piedoie, responsable de salle et sommelier, la femme de Richard Hemin, Sandrine Cahelo, responsable de gestion, le frère de François Tassan, Frédéric, qui reprend du service pour l’ouverture, le neveu de François Tassan, Lucas, chef de partie.

Au menu des plats d’époque

Ouvert 7 jours sur 7 de 8 heures à 23h30, le Grand Café Barretta propose des petits-déjeuners, des encas, des apéros et des repas midi et soir. « C’est une brasserie parisienne avec des produits d’ici. Nous voulons mettre en avant le produit, dans un cadre soigné et avec une qualité de service irréprochable », résume Richard Hemin. Le menu complet du midi (entrée, plat, dessert) coûte 19 euros et la formule entrée-plat ou plat-dessert 16 euros. « Nous servons le poulet marengo qu’adorait Napoléon Bonaparte, le cabillaud-rouille-légumes vapeurs qu’affectionnait Frédéric Mistral », dévoile Richard Hemin.

Nous servons le poulet marengo qu’adorait Napoléon Bonaparte, le cabillaud-rouille-légumes vapeurs qu’affectionnait Frédéric Mistral

Un lieu incontournable

« Nous allons poursuivre notre réflexion pour devenir un lieu incontournable d’Avignon. Nous voulons surprendre les clients. Nous allons par exemple développer l’interactivité, la projection d’images du bout du monde. Ce sera un lieu ouvert sur le monde », réfléchit à haute voix Richard Hemin. François Tassan conclut : « Nous accueillerons une émission de radio, un cinéma itinérant, bref nous avons 10 000 projets dans la tête. L’aventure est belle… »